Tanguy Viel - La Disparition de Jim Sullivan

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Pour en terminer avec les lettres mortes :

La littérature française est trop «pétrifiée», écrit d’emblée Tanguy Viel. Alors finissons-en, et voilà comment, explique-t’il, assis dans sa bibliothèque. La Disparition de Jim Sullivan est une grande confidence dans laquelle l’auteur fait l’aveu du brouillon. «J’ai fait des fiches.», écrit-il à propos de ses personnages. Il n’écrit ici que l’esquisse de son « roman international », mais de l’approximation naissent les détails, et des grands tableaux à la Hooper. L’auteur revisite les clichés du roman américain et s'en libère : il veut à tout prix éviter le thriller politique («C’est pourquoi je n’ai pas mentionné le nom de Barack Obama dans mon roman.»). Cependant, ill n’a pas peur de prendre ses gros sabots : après tout, nous sommes entre nous, il ne s’agit là que d’une conversation informelle. On nous avait parlé de l’angoisse de la page blanche : Tanguy Viel nous montre comment il la noircit. Il s’agit de la mise à nu d’un roman qui a déjà été écrit. Les personnages sortent furtivement de l’hypothèse, et s’épaississent sans qu’on n’y prenne garde jusqu’à acquérir la profondeur d’un personnage classique, l’ivresse du champs des possibles en plus. Le lecteur, mis en déroute, ne peut être que fasciné par cette écriture de la scène initiale. Finalement, c’est moins l’histoire d’une disparition que l’histoire d’une apparition : celle du romancier, en majesté.

Tanguy Viel - La Disparition de Jim Sullivan
Tanguy Viel - La Disparition de Jim Sullivan

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